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    El Watan, 24 juin 2001 La colère d’un village

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    El Watan, 24 juin 2001 La colère d’un village Empty El Watan, 24 juin 2001 La colère d’un village

    مُساهمة  Admin الإثنين أغسطس 02, 2010 11:48 pm

    SALAH BOUCHAOUR / La colère d’un village

    El Watan, 24 juin 2001

    Jeudi, le village de Salah Bouchaour que nous avions laissé la veille en état de soulèvement, nous paraît subitement si paisible. Et n’étaient ces quelques amas qui jonchent encore les bordures de la rue principale, on se croirait dans un village tout ordinaire. Pourtant !

    Pourtant, ce village venait de se déclarer zone fermée. Il s’est délibérément cloîtré, et à sa façon, il s’est offert toute une journée afin d’extirper ses maux et révoquer ses détracteurs ! Une chose reste évidente et reviendra dans les dires de tout le monde : la manifestation de mercredi n’était pas un acte spontané, encore moins un «chahut de gamins», comme il plairait à certains de paraphraser des personnes de triste mémoire. Un semblant d’organisation est décrypté dans les déclarations des citoyens. Certains vont jusqu’à confirmer la décision des habitants de tenir une marche et ce, depuis dimanche déjà… «On voulait juste organiser une marche pacifique vers le siège de l’APC et demander la présence du wali pour qu’il nous entende en présence du président de l’APC.» Et quand on leur a demandé pourquoi ils ont saccagé le siège de l’APC, ils rétorquent tous d’un même élan : «Quand nous sommes arrivés devant l’APC, nous avons demandé au président de sortir afin de fermer l’APC et attendre les autorités, et là, le maire ne s’est nullement gêné pour nous traiter de tous les noms.» Les jeunes autour veulent aller plus loin. Coléreux, ils poussent les plus âgés à tout dire : «Dites-leur la vérité, n’ayez pas peur. Dites-leur ce que le maire nous a dit. Comment il a traité nos mères et nos sœurs. Vous n’avez pas à avoir peur des mots.» On nous apprendra alors que le P/APC aurait tenu des paroles d’une vulgarité que la pudeur nous interdit de rapporter. Scandalisés et à bout de nerfs, les jeunes, qui viennent d’entendre de la bouche même de leur élu des indécences inqualifiables, commencent alors à s’attaquer au siège de l’APC. C’est la furie, les dégâts sont assez importants.Le jour de l’émeute, nous avions entendu à plusieurs reprises le nom d’une personne que quelques manifestants scandaient. Qui est-il, ce «Y» ? Les habitants nous apprennent qu’il s’agit d’un ancien élu FIS qui leur aurait laissé de bons souvenirs dans sa gestion et qu’une partie du village voudrait voir reprendre les rênes de l’APC. S’agit-il là d’un acte politiquement prémédité ? L’émeute de mercredi avait-elle des connotations inavouées ? Les personnes interrogées nient une quelconque manipulation, et affirment qu’ils scandaient le nom d’une personne et pas d’un parti. Tous les citoyens que nous avons rencontrés et sans exception, exigent le départ de tout l’exécutif communal. «Il faut qu’ils partent. Ce sont des voleurs et des menteurs. Ils ont fait trop de mal au village. Ils doivent partir.» D’ailleurs, quand le wali s’était déplacé mercredi pour les rencontrer dans l’enceinte même de l’APC, le groupe de citoyens qui s’était porté volontaire pour remettre les doléances des habitants du village a longuement insisté sur les dérives qu’aurait connues le village depuis que sa gestion est revenue à cet élu RND. Les habitant du village nous ont alors énuméré leur doléances : le départ de l’exécutif communal, la restitution du stade aux jeunes, la réouverture de l’abattoir loué à un particulier et fermé depuis, la restitution de la «kasma» que le P/APC aurait attribuée à un étranger au village, l’équipement du bureau de poste d’une visionneuse, remédier au manque d’éclairage public et transférer le siège de la garde communale en dehors du village. La liste peut encore être rallongée tellement les manques sont grands. Les jeunes sont les plus impatients et se ressemblent dans leur inquiétude et leur désarroi. Ils ont tous la même expression de révolte, les mêmes gestes. Tous se rencontrent dans un vocabulaire assez significatif : les termes de «hogra», «dégoutage» et «chômage» restent les mots les plus expressifs, les plus employés et volontairement et mis en évidence, comme pour vous conduire à déchiffrer un quotidien devenu trop pesant. Un quotidien dont ils ne veulent plus ! «On nous a volé notre stade… et on nous a laissé jouer dans le lit d’un oued où se déversent les rejets des autres ! On ne veut pas jouer dans la m…» «Avant, le village disposait de plusieurs équipes sportives. Aujourd’hui, il dispose beaucoup plus de dealers. L’ennui ici est mortel. La maison de jeunes est fermée et se trouve dans un abandon total. Il n’y a ni bibliothèque, ni centre culturel, ni un espace où les jeunes peuvent passer leur journée. Le chômage nous tue et l’ennui nous achève. Venez faire un tour le soir, venez et vous verrez le nombre de jeunes qui s’adonnent à la drogue !» Les jeunes parlent. Ils parlent tous en même temps. Ils parlent vite comme si le temps n’allait pas leur suffire à se dénuder de leur marasme. Ils nous racontent comment l’APC leur a enlevé la gestion de l’abattoir communal qu’elle aurait attribué à un privé qui le laisse fermé. Ils nous racontent que le P/APC aurait licencié une jeune fille pauvre du village pour donner le poste à sa nièce. Ils ne se contentent plus de parler et nous proposent de les accompagner afin de constater leurs conditions de vie. Première virée, «l’oued», où se trouve le terrain de fortune qu’ils ont aménagé, déboursant une somme qu’ils jugent assez importante. «Ça nous a coûté plus de deux millions de centimes que nous avons donnés de nos poches. Regardez où les jeunes de Salah Bouchaour jouent !» Le terrain ne tiendra pas devant les premières averses. A côté, les eaux usées coulent. Et juste à quelques mètres, une décharge entoure quelques maisons et dénature un paysage déjà assez estropié.
    Un jeune passe. Ses amis l’invitent à se joindre à nous en l’informant que c’est un journaliste et qu’il peut raconter ses problèmes. Le jeune dont le visage est si mélancolique nous regarde et s’en va tout en nous lançant : «Journaliste ou général, je n’en ai rien à foutre… Vous êtes tous les mêmes !»
    Un autre jeune enchaîne alors comme pour détendre l’atmosphère et nous raconte sa vie. A 35 ans, il ne possède de personnel qu’un canapé pour dormir dans un appartement qui abrite dix personnes ! Il ne travaille pas et l’avenir lui paraît un mot si étrange. Les autres jeunes se remettent alors à rapporter leurs conditions sociales.
    «Ici à Salah Bouchaour, plus de 80 % des jeunes travaillent au marché de gros. On bricole. Quelques-uns font vivre toute leur famille en exerçant le métier de “hamal” au marché !» Les jeunes parlent et s’invitent mutuellement à le faire. Tous leurs maux semblent venir de cette APC qu’ils ne reconnaissent plus. Ils en veulent aux élus, à la garde communale et à quelques barons étrangers au village. «Nous comptons beaucoup sur la rencontre de la délégation du village avec M. le wali ce dimanche. Nous demandons à M. le wali d’agir afin de nous rendre l’espoir. Nous avons confiance en lui. On l’a vu durant l’émeute et nous croyons en lui.»
    Le jeune qui se disait désintéressé et des journalistes et des généraux revient. Il nous sourit, s’excuse et enchaîne : «Ecoutez, que voulez-vous savoir ? C’est partout pareil. “El hogra” est partout, et ici c’est pire parce que c’est un petit village.» Il prend place avec nous et, d’un air grave, il continue : «Moi, je suis le neveu du chahid dont ce village porte le nom. Oui, Salah Bouchaour est mon oncle. Salah Bouchaour est mort pour cette patrie et ses neveux crèvent de faim. Nous sommes quatorze personnes à vivre dans une seule pièce. Oui, quatorze neveux de Salah Bouchaour survivent lamentablement pendant que des voleurs et des vendus vivent dans le luxe…» Nous comprenons alors pourquoi ce jeune au visagehâlé par le soleil est si indomptable… si désintéressé. Nous décidons alors de prendre congé de ces jeunes qui restaient tout de même sur leur faim. Il était temps de partir. Ils nous remercient de les avoir écoutés et nous raccompagnent jusqu’à la sortie du village. A quelques mètres seulement, des jeunes que nous avions vu lancer des pierres le jour de l’émeute dressent des étalages de fortune pour vendre des bouquets de fleurs pour les cortèges des nouveaux mariés. Ces mêmes mains qui tenaient hier des pierres tiennent aujourd’hui des fleurs. N’est-ce pas là la meilleure des symboliques que nous renvoie une jeunesse qui n’aspire finalement qu’à prendre part à fleurir tout un pays ?

    Par K

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